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Les contes égarés
8 août 2005

La Princesse Rose / chap 3

- Mon Seigneur, j'étais encore un enfant, lorsque revenant du village, j'ai découvert dans notre maison, mon père et ma mère assassinés. Je n'ai jamais su qui les avait tués ni pourquoi ils étaient morts, mais je fus frappé d'une telle stupeur que je me suis enfui. J'ai couru à travers la forêt, et sans m'en apercevoir je me suis perdu. C'est là, après avoir erré, hagard, dans un état de fatigue extrême que j'ai fini par m'endormir dans une clairière inconnue de tous, un lieu secret dont je suis toujours seul à connaître l'emplacement, à l'heure où j'ai l'honneur de parler à votre Majesté. Il y avait en cette clairière une source formant un petit bassin ovale et peu profond. J'allais bientôt découvrir qu'elle était magique. Je suis resté plusieurs jours à sangloter près d'elle, je n'avais nulle part où aller, j'étais désemparé. J'avais l'impression que la source me parlait, et m'offrait son réconfort. Un matin alors que la lumière donnait en plein sur la surface de l'eau et éclairait le fond du bassin, je vis apparaître les ferrures d'une boîte enfouie sous la vase. À l'intérieur, j'y trouvai un anneau constellé de pierres, et un parchemin. Une large écriture à la plume disait à celui qui le lirait qu'il était riche, et que les peines de sa vie s'envoleraient à jamais. Il fallait apprendre par cœur cinq commandements et s'engager à les respecter toute sa vie avant de remettre le manuscrit dans son coffre, et de le rejeter à la source où il serait englouti pour les siècles et les siècles. Ces commandements je les ai appris, et je les sais encore. Ils m'ont donné le pouvoir de cultiver des roses violacées comme des vibices, parés d'éclats d'étoiles, et qui ne fanent jamais. Mais ces roses ont un prix que tout ton or ne saurait acheter. Chaque jour à la fontaine, je vais boire douze gorgées d'eau claire pour que cette eau et mon sang se mélangent, et ne soient qu'un. Puis je m'entaille le bras, et je verse mon sang sur la terre humide où poussent les roses. Cela ne te paraît rien. Apprends alors, ô roi, que cette source est vénéneuse. Son eau est un poison qui consume ma vie. À mesure que je la bois, mon corps vieillit trois fois plus vite que celui de n'importe quel homme. De là provient la magie de mes roses qui ne se fanent jamais. Le roi l'écouta avec un grand intérêt et lui répondit : - Si je te crois jeune homme, mais à voir tes mains desséchées, et ton visage ridé, comment ne pas croire, tu as perdu ta vie pour que ces roses fleurissent et que ma fille, de princesse puisse devenir reine. - C'est toi qui l'as dit, et je t'en suis reconnaissant. Mais à présent que je suis vieux et faible, je ne donne à mes roses qu'un sang anémié. Elles ne contiennent plus assez de substances vitales pour que la princesse puisse s'en nourrir et vivre. - Un roi ne peut laisser sa fille mourir de faim. Cela est bon pour les pauvres. Tu auras la richesse et tes rêves seront exaucés si tu redonnes à tes roses leur pouvoir perdu. Le jardinier se frotta le menton et lui fit cette réponse : - Roi, il va nous falloir un sacrifice. - Quoi ? - Qui, devrais-tu dire ! Dame Rose. Il faut emmener la nourrice près de la source. Là, l'un de tes hommes, un seul, celui qui a toute ta confiance, lui fera boire de l'eau jusqu'à ce qu'elle en meure étouffée. Puis, il la pendra par les pieds à un arbre. Cet arbre est aussi ancien que la terre, il est apparu au troisième jour, ses racines et les pierres ne font qu'un. Ton serviteur tranchera la gorge de la nourrice et il la laissera se vider de son sang. Le sang coulera sur la terre, pour aller vers la source. L'eau et le sang ne feront qu'un. Alors seulement, et pour le prochain siècle, les roses qui ne fanent jamais, et qui sont l'unique aliment de ta fille refleuriront et j'irai. - Tu iras ? - J'irai. Mais pour que le sortilège s'accomplisse, tu devras me laisser manger la première des roses qui poussera après la mort de la nourrice. - J'accède à ta requête. - Pour me récompenser, et exaucer mes vœux tu devras donner à mon fils unique, la main de ta fille lorsqu'il se présentera à toi. - Je vais y songer. - Tu as peu de temps, ô roi.
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  • Des nouvelles et des contes qui ne sont pas réservés aux enfants... Et si ça marche et que ça vous intéresse, l'enquête d'Edmund Brighton sur un personnage étrange surnommé Blix. Une histoire à suivre mois après mois...
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